Pour clore le Blogue de Tanya

décembre 8, 2009 at 11:14 (Uncategorized)

J’ai été habitée ces derniers temps par l’égrènement des jours et le Nouvel An qui approche. Symbole du renouveau temporel, le 1 janvier 2010 amènera une nouvelle année, une nouvelle décennie. À partir de la seconde qui marquera minuit, les 10 années ayant précédé ce moment référeront  aux années 2000, les 10 qui suivront, aux années ’10.

Que retiendrons-nous des années 2000? Est-il possible de synthétiser une idée, un esprit, un style vestimentaire, un style de musique…?  Avec un ami, nous avons tenté de faire le bilan de ces années qui rassemblent l’ensemble de nos vies adultes. Du bogue de l’an 2000 aux guerres contre le terrorisme, nous ne retenons que la perte de repères, le sentiment que la vie telle qu’elle a toujours été s’effrite et nous échappe, jusqu’à disparaître.

Au 1ier janvier 2000, les êtres humains de ce monde ont passivement contemplé les machines avec effroi, se demandant comment elles allaient réagir au changement de 00. Au 1ier janvier 2010, les êtres humains de ce monde se contempleront eux-mêmes avec effroi, se demandant vers où et jusqu’où ils iront. « Qui sommes-nous et qui croyons-nous être ? »

Nous nous sentons au bord du gouffre, acculés à un avenir impossible à prévoir et à intégrer. Nous construisons des cartes pour tenter de vivre à travers cette marque du temps, mais seront-elles même encore valables au 2 janvier 2010? J’ai défendu avec acharnement la thèse de l’identité corporelle –  j’y crois encore fermement – sans pour autant affirmer qu’elle est immuable. Si, tel que l’argumente Dyens, la véritable « essence » de l’humanité est dans la technologie et les médias, si l’être organique est dénaturé, comment s’effectuera la transition?

Je regarde la carte qu’Olivia et moi avons élaborée et la force des mouvements de fuite vers l’extérieur du corps. Puisque le corps est l’ultime limite, que se produira-t-il lorsque ses frontières éclateront sous la pression? Si les êtres humains sont des réplicateurs mémétiques et non pas génétiques, quels seront leur support?

Ces questions me semblent à peine plus avancées que celles que je me posais au début de la session : « Puisque les marques du corps apparaissent comme une stratégie d’ancrage identitaire dans un contexte où les lieux de cette exploration semblent s’effacer, si les corps en venaient à disparaître, que resterait-il? » ai-je écrit le 23 septembre.  Je n’ai pas l’assurance même aujourd’hui de pouvoir répondre à cette question. Comprendre par quelles forces les êtres humains sont habités est-il d’un quelconque secours ? Nos tentatives de reconstruire le sens seront-elles des armes efficaces aux transformations qui nous attendent ?

Je regarderai à la seconde qui marquera le Nouvel An les limites de mon corps, terrorisée à l’idée de les voir éclater. En supposant qu’elles restent en place, je serai confortée à l’idée de continuer à vivre mes douleurs et mes désirs dans la matérialité organique que j’ai toujours connue, tout en sachant que les changements enclenchés ne peuvent être stoppés . Le bogue de l’an 2000 a été le symptôme d’un changement profond sur la face du monde : quel sera le visage des années ’10?

Bonne année à tous et à toutes !

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Composante finale de notre carte de l’être humain au 21ième siècle

décembre 8, 2009 at 11:12 (Uncategorized)

Dans l’esprit de l’hypertexte, nous nous abstenons de commenter et, à la lumière de nos indications des dernières semaines, nous vous laissons reconstruire le sens.

Olivia et Tanya

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Autre composante de notre carte

décembre 1, 2009 at 12:12 (Uncategorized)

En suivant ce lien : carte2.dialectique de l’identite, vous trouverez une nouvelle composante davantage élaborée de notre carte de l’être humain au 21ième siècle. celle-ci qui se concentre sur la dialectique de l’identité. Nous avons notamment voulu illustrer comment le corps cherche à fuir à l’extérieur de ses limites, malgré qu’il soit restreint par celui-ci.

Quelques définitions:

Stigmate: Aspect identitaire qui ne correspond pas aux normes. Il peut s’agir du fait d’être Noir, homosexuel, pauvre, handicapé, etc. D’après notre définition (suivant Goffman), il ne s’agit pas d’une scarification, mais bien d’une qualification minoritaire qui marque le corps.

Pulsions primaires: En somme, les besoins de notre hypothalamus, les pulsions animales et primaires qui subsistent en nous: besoins de domination, de reproduction, d’appétit, de différenciation face à l’Autre.

Désirs: Nous comprenons le désir comme un sentiment de manque qui nous pousse vers l’avant, de façon à combler le vide. Le désir de sens fait ainsi intrinsèquement partie de l’identité humaine, comme le désir de perfection. Ces forces qui nous poussent vers l’avant sont notamment ce qui nous distingue des animaux.

Pressions sociales et structures de pouvoir: ne doivent pas être comprises uniquement comme les structures de domination comme le racisme et le sexisme, mais aussi les faits sociaux comme la famille, la langue, la communauté, les attentes de soi et des autres, etc.

Finalement, nous tenons à préciser que le triangle peut être orienté dans n’importe quel angle, et qu’il n’y a pas de hiérarchie à établir entre les différentes composantes. Nous rapellons qu’il s’agit de dialectiques, c’est-à-dire  d’éléments qui s’inter-influencent de manière complexe et non pas dans une seule direction.

 

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Les limites des codes graphiques

novembre 29, 2009 at 10:17 (Uncategorized) (, , , , , , , , )

Dans l’ébauche de carte qu’Olivia et moi avons proposée, l’identité est la donnée première à la définition de l’être humain du 21ième siècle. Selon nous, l’identité est le produit d’une dialectique entre les pulsions et désirs qui animent l’être humain et les rapports de pouvoir sociaux. L’être humain est donc en constante négociation avec l’actualisation de ses pulsions et désirs dans un univers contraignant qui contrôle et restreint la réalisation de cet univers pulsionnel. D’autre part, le corps est en rapport étroit avec cette identité, puisqu’il est le site de cette négociation et cette exploration (Lafrance, 2009). Il est l’ancrage identitaire par excellence, puisqu’à la fois réceptacle des pulsions et désirs qui l’habitent, et représentant de l’identité individuelle aux yeux des autres membres de la société. Comme l’écrivait Olivia dans « La manipulation du stigmate II », le stigmate (l’identité qui ne correspond pas aux attentes dites normatives de la société selon Goffman) réside dans la matérialité du corps. En somme, l’identité et le corps sont deux composantes presque interchangeables : l’identité est le produit de nos gènes, nos stigmates, nos pulsions et nos désirs.

Dans un monde sans technologie, cette équation reste donc assez simple. Mais que se passe-t-il lorsque la biologie est transformée par les avancées biotechnologiques? Lorsque les antibiotiques, les interventions chirurgicales et les greffes se mettent de la partie? Nous pensons que bien que l’équation soit déviée, elle reste la même. Comme j’en ai parlé dans mon article « La machine et soi », les images du corps contenues dans nos cerveaux sont extensibles et peuvent intégrer les modifications corporelles, non seulement à nos corps, mais à notre conception de nous-mêmes, à nos identités. Bien que les corps humains soient modifiés par les technologies biomédicales et que nous n’ayons pas la même santé, espérance de vie et rapport à la douleur que nos ancêtres, nous sommes tout comme eux définis par les limites de notre enveloppe corporelle. Dans ce sens, la technologie du 21ième siècle a le pouvoir d’ouvrir les possibilités identitaires et biologiques des êtres humains en étant le prolongement de ce qu’ils sont et en multipliant leur pouvoir d’action en augmentant leur longévité et en contrant leurs restrictions physiques. La technologie agit sur l’être humain du 21ième siècle en intégrant son corps, et donc son identité.

Il n’en demeure pas moins que la biologie reste jusqu’à ce jour l’extrême limite : malgré l’extension de son champ d’action, l’être humain ne peut survivre sans elle. Lorsque la machine organique s’éteint, il en va de même pour l’humain, son âme, sa conscience, ses désirs, son identité. Malgré une fuite vers l’immatérialité qui sert à contrer l’inéluctable mortalité de ses cellules, l’être humain est rattrapé par le déterminisme de son corps. Il reste que cette fuite vers l’immatérialité du virtuel crée une impression de détachement du corps, comme si nous pensions pouvoir le contrôler au point de nous en défaire, bien que ce ne soit qu’un leurre. Le virtuel et les technologies médicales augmentent comme jamais auparavant un complexe d’invincibilité, d’un droit indéniable à la vie et à la santé.  Tous, jeunes et moins jeunes, assument que notre société se doit de défrayer des coûts de santé de façon à contrer toute maladie, de façon à guérir tous les maux. Avec les avancées technologiques, la bonne santé est devenue un droit, comme s’il en allait d’une responsabilité sociale d’effacer le poids de la mort. À travers une course vers l’immatérialité et grâce à des technologies qui prolongent la vie jusqu’à dépasser l’entendement, l’être humain croit échapper au corps… jusqu’à ce qu’il soit rattrapé par lui.

Rappelons-nous la mort de Derrion Albert et le rire à glacer le sang des jeunes. La mort n’est plus une chose sacrée. C’est une chose à exhiber, à regarder pour se divertir, à défier, car elle ne semble plus exister. De la même façon, le corps est le plus souvent considéré uniquement comme un objet à manipuler, à contrôler, de manière à échapper aux pressions sociales, à détourner le stigmate (pensons aux chirurgies esthétiques qui visent à défaire les traits « ethniques », à blanchir la peau, à rajeunir, à faire disparaître les signes de trisomie). Tout ça jusqu’à ce que la mort advienne, et que l’on constate que tout a changé, mais que ça revient un peu au même.

Il en va de même pour les pulsions et les désirs. Même si nous vivons dans un monde où la survie, la chasse, l’obligation de la reproduction, la domination guerrière et la haine de l’autre ne sont pas des nécessités de notre quotidien, ces dimensions sont toujours présentes dans les pulsions et rapports sociaux de l’être humain du 21ième siècle. Malgré l’extension technologique, les pulsions de notre animalité sont toujours le point de départ, le moteur de nos actions. L’influence de la technologie agit ainsi en surface, comme une manipulation de ces sentiments pulsionnels. Bien que les désirs soient les mêmes, ils peuvent être trompés ou contrôlés par des interventions technologiques. Puisque la pilule « fait croire » au corps qu’il y a ovulation, les désirs sexuels peuvent être actualisés. Le Viagra quant à lui, agit sur le flux sanguin qui produit l’érection, et non sur les désirs. Bien que les êtres humains savent qu’il y a trop de personnes sur la planète, nous voulons toujours nous reproduire, nous multiplier. Bien que l’éducation et la diffusion de valeurs collectives et solidaires poussent les êtres humains à tolérer les inconnus et finalement, diminuent la violence, il reste qu’après des milliers d’années, les êtres humains continuent d’être animés par des sentiments xénophobes, d’enfermer l’Autre dans des cases. Ils continuent d’être animés par des pulsions de possession, d’assujettissement et de violence, même si ces pulsions peuvent dorénavant s’exprimer à travers, par exemple, des viols virtuels comme dans les jeux vidéo GTA et Rapelay. En un mot, la technologie manipule nos désirs et nos pulsions, elle nous permet de les contrôler, les faire dévier et les actualiser différemment : mais ils restent présents, les mêmes sans doute.  

Le désir est pourtant intrinsèquement basé sur une absence. Alors, que désire-t-on lorsqu’on ne vit aucun manque ? La technologie crée ainsi un désir nouveau, celui de porter la machine en soi, d’être pénétré par elle. À force d’intégrer à répétition la technologie dans son identité, dans son corps, la retirer crée un effet de manque, et donc un désir. De la même manière, la virtualité peut manipuler le désir au point de prétendre combler un manque finalement inassouvi, comme lorsqu’un homme épouse un personnage de jeu vidéo ou qu’une personne tombe désire et tombe amoureuse d’un personnage de fiction, comme j’en parlais dans « Quand la fiction devient réalité ». Ainsi, la technologie et la virtualité provoquent des transformations qui sont parfois extrêmes et inattendues.

Nous cherchons depuis le début de la session comment la technologie et la virtualité  influencent les désirs et les rapports de pouvoir sans pouvoir nous arrêter sur une réponse. Olivia se demandait dans « La manipulation du stigmate II » : « La virtualité signifie-t-elle toujours une rupture avec la réalité ou simplement une augmentation de celle-ci? ». Il est finalement impossible de trancher pour une option ou une autre car la virtualité, comme la technologie, ne transforme pas chaque élément de la vie humaine dans un même rapport : elle n’augmente ni ne diminue les désirs et les pouvoirs mais est plutôt une pression supplémentaire aux forces dialectiques du monde.

La technologie et la virtualité transforment les désirs, les corps et les identités en manipulant leurs extensions. Elles sont des agents transformateurs qui définissent désormais nos rapports humains, et peuvent donc être incluses dans la définition de l’humanité. Bien que les corps et les pulsions conservent les mêmes bases malgré les leurres dont ils font l’objet, nous observons définitivement l’amorce de changements. En ce sens, établir la carte de l’être humain apparaît comme un piège dans la mesure où il semble s’agir d’une période intermédiaire. La transformation des désirs, des pulsions, des corps, des identités poursuivra-t-elle une évolution ? Il n’en demeure pas moins que malgré ces forces transformatrices, l’humain du 21ième siècle n’a d’autre choix que vivre entre les limites de son corps et vivre avec des pulsions et désirs qui ne demandent qu’à être actualisés.

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La carte de l’être humain du 21e siècle selon Olivia et Tanya

novembre 23, 2009 at 10:47 (Uncategorized) (, , )

C’est dans des moments comme ceux-là que je me demande comment est-ce possible que je ne sache pas encore utiliser Photoshop ou InDesign. Des composantes plus esthétiques sont à venir, promis.

 

 Au coeur de notre carte, se trouve l’être humain (il s’agit d’une femme seulement pour la forme, vous pouvez vous sentir concernés messieurs) dans l’incarnation de son identité, et plus particulièrement de son corps. Cette identité se définit par une dialectique entre les pulsions et désirs qui l’animent, représentés par les flèches qui poussent vers les limites de son corps, et les rapports de pouvoir qui agissent sur elle, représentés par la flèche au-dessus de sa tête. Ces deux composantes définissent une identité ancrée dans le corps et la peau, limite à deux faces qui absorbe les deux forces et, puisque nous avons beaucoup abordé cette question, peut porter le stigmate.  Dans ce modèle de l’être humain au 21e siècle, les actions sont une tentative de négocier ces forces le plus souvent contradictoires, qui emprisonnent et desquelles on tente de s’échapper.

L’échapatoire par excellence est le monde virtuel, cette fuite vers l’ailleurs qui ouvre une infinité de possibilités identitaires. Pourtant, le monde virtuel n’est pas tenable, il n’est finalement que l’ouverture d’un monde fantasmatique et éphémène sur lequel se referme, inéluctablement, le retour du corps et de l’identité bien réelle, celle de la matérialité. Si nous avions eu à imaginer la carte de l’être humain du 24e siècle, peut-être cette matérialité corporelle n’aurait pas été au centre du modèle … mais pour l’instant, elle y reste, parce que peu importe l’échapatoire, l’être humain est rattrapé par ses désirs et ses pulsions, les limites de sa chair, et l’obligation de porter ses stigmates.

Finalement, reste ce tourbillon que peut devenir la virtualité, trou noir dans lequel on peut être aspiré, qui amène dépendance et déviance.

Prochain défi: illustrer l’effacement des frontières avec Paint.

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Angoisse technologique

novembre 9, 2009 at 3:41 (Uncategorized)

Petit historique de l’angoisse technologique: « 100 years of Big Content fearing technology—in its own words »

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Le corps virtuel

novembre 9, 2009 at 3:36 (Uncategorized) (, , )

Comme j’aime bien le répéter, le corps est pour moi un ancrage identitaire primordial et on ne peut pas l’abandonner si facilement. Alors qu’on nous demande si Internet permet d’aller au-delà du corps et nous libérer de sa matérialité, M. Dyens reconnaît lui-même les angoisses liées à la perte de l’intégrité corporelle. Si on suit l’idée selon laquelle le corps va éventuellement disparaître dans le monde virtuel, comment seront réglées ces angoisses ? Comment l’humain pourra-t-il être transformé au point de ne plus avoir de cerveau, de peau, et par extention, d’identité?

J’écrivais dans mon article «Du corps du texte au discours virtuel» que la voix est à mon sens la composante corporelle qui se prolonge dans le monde virtuel d’Internet. Comme c’était le cas dans le film La Jetée, il me semble que même si des fantasmes et des composantes identitaires peuvent être projetés dans  des mondes virtuels où la matérialité n’est plus, il reste toujours un ancrage corporel, un seuil où les angoisses vieilles comme l’espèce nous tiennent, et nous emprisonnent aussi sans doute. Peut-être que comme le dit M. Dyens le corps est-il le lieu de toutes les oppressions. Il est aussi, d’un autre côté, le lieu de toutes les jouissances. Il est facile de vouloir laisser tomber l’oppression, mais qu’en est-il de l’euphorie, de l’extase? Peut-être vouloir se débarasser du corps reviendrait-il à faire une résintox d’héroïne. Ce n’est pas impossible, mais ce n’est pas si facile non plus.

Les anthropologues parlent de l’être humain comme n’étant rien de plus qu’un animal social. Les lectures que nous avons faites jusqu’à présent en lien avec la biologie, les gènes et les pulsions montrent bien que nous sommes, peut-être plus souvent que nous le croyons, contrôlés par des envies et des mécanismes non seulement dictés par nos corps, mais aussi, tout en nous dépassant et nous contrôlant, ils font ce que nous sommes.

Peut-être restons-nous fidèles à notre humanité parce que nous ne connaissons pas autre chose. Ou alors, nous ne pouvons pas imaginer autre chose. Ou même, nous ne pouvons pas être autre chose.

J’ai beaucoup parlé de sexualité ici, et comment la technologie en change ses rapports, principalement parce qu’il est difficile de prétendre à ce point-ci qu’elle n’a que des fonctions reproductives. Animaux sociaux et êtres sexués, les êtres humains vivent leurs pulsions et leurs angoisses tout en ayant la plupart du temps peur de les regarder en face. Pas étonnant dans ce cas qu’Internet devienne le lieu de prédilection d’exploitation de ces fantasmes. Pas étonnant non plus qu’il ait immédiatement exploité les ressoures de l’industrie pornographique… Mais même en ne se limitant pas au simple cas de la pornographie, la question demeure : qu’advient-il du désir sans corps pour le porter?

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Jouer avec ses identités sexuelles en ligne

novembre 4, 2009 at 9:48 (Uncategorized) (, , )

Directement en lien avec nos conversations du cours d’hier, voici un panel sur l’anonymat pour ceux et celles qui jouent non seulement avec leurs différentes identités virtuelles, mais surtout leurs identités sexuelles virtuelles.

La question fondamentale que la présentatrice et les panélistes se posent est la suivante: quelqu’un peut-il véritablement être sexuellement anonyme en ligne?

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Les messages-textes comme éducation sexuelle

novembre 3, 2009 at 2:21 (Uncategorized) (, , , , )

J’ai assisté la semaine dernière à une conférence organisée par le département de sociologie et d’anthropologie qui s’intitulait: « Changing Sexual Identities in the Wake of Iran’s Sexual Revolution » pardis mahdavi

La présentatrice, l’anthropologue Pardis Mahdavi, a présenté les changements qu’elle a observé pendant son terrain à Téhéran qui s’est déroulé de 2000 à 2007. Dans cette population composée à 70% de personnes en bas de 30 ans, les jeunes réagissent face à l’état islamique avec ce qu’ils ont nommé une révolution sexuelle. Dr. Mahdavi affirmait que le pays assiste surtout à un changement de discours face à la sexualité. Les filles portent leurs voiles de manière incorrecte, les jeunes ont des relations sexuelles avant le mariage même si c’est illégal … en un mot, les jeunes répondent au régime avec leurs corps, pour paraphraser la présentatrice.

Elle expliquait qu’une des causes de cette révolution sexuelle serait l’accès aux médias mondiaux, notamment avec internet, les antennes, etc. Mais plus intéressant, le farsi serait la 4e langue la plus diffusée dans la blogosphère. Non seulement les jeunes utilisent-il internet pour partager des informations prohibées par le régime, mais, phénomène plus intéressant encore, les messages-textes seraient leur première source d’éducation sexuelle. En s’envoyant des ‘jokes’ qui sont ensuite diffusées à tous leurs amis, les jeunes partagent des informations qu’ils ne sont pas autorisés à posséder à cause du régime.

Malheureusement, ces informations sont le plus souvent peu fiables, et même fausses. D’autre part, puisque les relations sexuelles sont réservées aux couples mariés, les jeunes célibataires qui sont actifs sexuellement n’ont pas accès à de la contraception ni à de la prévention.

Finalement, les nouveaux médias peuvent être le meilleur moyen de diffuser de l’information entre pairs… sans que celle-ci soit nécessairement véridique.

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Du corps du texte au discours virtuel

novembre 3, 2009 at 1:47 (Uncategorized) (, , , , , )

Dans Le discours littéraire, Maingueneau ouvre son chapitre sur l’éthos en écrivant:

Le texte n’est pas destiné à être contemplé, il est énonciation tendue vers un coénonciateur qu’il faut mobiliser pour le faire adhérer « physiquement » à un certain univers de sens. (Le discours littéraire, Mainguenau: 203)

Selon lui, le discours impliquerait donc une intervention physique de la communication. Il se base d’abord sur le concept d’éthos de la rhétorique, qui désigne, dans le discours, les signes qui indiquent l’image de soi de l’énonciateur. La voix, les mouvements, les gestes et les mimiques sont autant de présences subjectives de l’énonciateur dont l’organisation devrait permettre de convaincre.

À partir de ce concept, Maingueneau dépasse le cadre de la rhétorique pour stipuler que l’éthos serait le lieu d’articulation entre corps et discours (Maingueneau, 207), l’ancrage subjectif de l’énonciateur. Ça serait donc une sorte de prolongement corporel de son identité, qu’il manifeste dans sa parole.

Si l’éthos est un concept hérité de la rhétorque qui a d’abord une utilisation dans un cadre oral, Maingueneau suppose une certaine vocalité du texte qui l’autorise à utiliser le concept pour le texte écrit. Il utilise donc une version incarnée de l’éthos qui donne des indications quant à l’implication physique du destinateur et du destinataire. Sa réflexion se résume en trois postulats:

– L’énonciation de l’oeuvre confère une « corporalité » au garant, elle lui donne corps.

– Le destinataire incorpore, assimile ainsi un ensemble de schèmes qui correspondent à une manière spécifique de se rapporter au monde en habitant son propre corps.

– Ces deux premières incorporations permettent la constitution d’un corps, de la communauté imaginaire de ceux qui adhèrent au même discours. (Maingueneau, 208)

Il semble ainsi que le discours, même écrit, ne laisse pas le corps innocent. Puisqu’il est un ancrage identitaire, les marques de subjectivité impliquent nécessairement le recours à celui-ci. Ça revient un peu à ce que disait Olivia, par rapport au fait que le stigmate est toujours gravé dans la peau. Par la communication – même celle du texte – on ne peut pas le laisser de côté.

D’après les postulats de Maingueneau, l’énonciation crée un corps à corps entre le destinataire et le destinataire, jusqu’à créer une communauté. Dans un cadre virtuel, cette piste d’analyse semble assez riche : même sans se voir ni se parler, les utilisateurs des nouvelles technologies mettent leurs identités, leurs corps, en contact.

Je vais poursuivre avec l’exemple du blogue parce qu’il m’apparait le plus parlant. À mon sens, les blogues sont l’espace priviligié de la subjectivité parce qu’ils sont pourvoyeurs d’information tout en permettant l’utilisation de la première personne. Les blogues sont truffés de marques de subjectivités diverses, et si la manipulation et la dissimulation de caractéristiques identitaires est possible lorsque l’énonciateur est dissimulé derrière un écran, il reste que non seulement cette manipulation reste une trace subjective, mais surtout, l’espace blogue permet cette subjectivité, peu importe la forme qu’elle prend.

J’aime l’idée de Maingueneau parce qu’ainsi, non seulement il y a création d’une communauté virtuelle à travers le partage d’opinions et d’expériences, mais aussi une réalité bien matérielle qui en découle. Le discours échangé en ligne traverse les corps qui le partage.

« Où est le corps dans le virtuel ? » me demandait Mireille.

Peut-être est-il présent à chacune de nos interventions en ligne, puisque celles-ci seraient l’extension de ce que nous sommes, de notre matérialité. Peut-être est-il à la fois le point de départ et l’aboutissement de l’infini du virtuel. Peut-être aussi est-il voué à se faire dominer par cet infini trop grand pour lui.

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